Juncker président ? Sarkozy n'en voulait pas

Publié le par Hughes Beaudouin

Cela aurait pu tout aussi bien être Jean-Claude Juncker. Et ce fut Herman Van Rompuy. Quelques heures à peine avant le début du sommet, le premier ministre suédois, président en exercice du Conseil, souhaitait présenter deux noms. Les deux qui ne provoquaient aucune franche opposition : Jean-Claude Juncker et Herman Van Rompuy. Avec une légère préférence pour le premier, doyen des chefs d'Etat et de gouvernement, plus connu que le second qui n'a émergé sur la scène européenne qu'en décembre dernier. Friedrik Reinfeld demande alors aux deux faiseurs de roi ce qu'ils en pensent. Angela Merkel ne voit aucune opposition à ce que le premier ministre luxembourgeois soit en premier sur la liste mais Nicolas Sarkozy s'y oppose. Ensuite tout va très vite, Reinfeld soumet à l'approbation du conseil le premier nom selon la redoutable procédure du silence. Pas d'opposition? Et bien Herman Van Rompuy est élu président du conseil européen. Les Luxembourgeois sont furieux et on les comprend. Nicolas Sarkozy niera ensuite que cela s'est passé ainsi, sans convaincre. Les sources ont été recoupées : le président français a fait payer au premier ministre luxembourgeois sa supposée passivité lors du déclenchement de la crise financière à l'automne 2008.

Concernant Catherine Ashton, ce fut plus compliqué. Les Britanniques tenaient la solution dans leurs mains. Ils voulaient le poste de Haut Représentant aux Affaires Etrangères pour probablement s'assurer qu'il ne deviendra rien ou pas grand chose.. Car Londres s'est toujours opposé à l'émergence d'une véritable politique étrangère européenne. C'est l'affaire des nations, pas de Bruxelles, circulez.... Alors pour noyer toute tentative, vaut mieux être au poste de pilotage avec un pilote britannique. Milliband ne voulant pas du poste, Blair étant grillé pour la présidence du conseil, restait à trouver la personnalité britannique qui ne ferait d'ombre à personne, qui serait travailliste et si possible femme. L'affaire se joue l'après midi lors de la réunion à Bruxelles des chefs de gouvernement socialistes européens. Brown propose le nom de Catherine Ashton. Etonnement de l'assemblée. Qui? Mais ça passe. Et le soir, après quelques coups de fils donnés ici et là, Ashton est élue sous les acclamations. Alors qu'on s'attendait à une longue nuit, tout est réglé en 1 heure. Au passage, les Britanniques acceptent qu'un Français devienne commissaire européen au marché intérieur, avec le contrôle des services financiers. En bref, une sorte de contrôle de la City par un Français. Il fallait que la contrepartie soit substantielle pour que la fière Albion accepte d'avaler telle couleuvre. Et les Allemands obtiennent pour dans deux ans le poste de secrétaire général du Conseil, un poste administratif stratégique.
Et maintenant tout commence. L'effacé Herman Van Rompuy et l'inconnue Catherine Ashton arriveront-ils à s'émanciper de leurs démiurges ? On ne pourrait être que favorablement surpris s'ils y parvenaient...
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